LA CHASSE AUX SORCIÈRES

- Nancie Ferron

LA CHASSE AUX SORCIÈRES

Cet été pas comme les autres nous en aura fait voir de toutes les couleurs. On vous en avait parlé ici, l’un de nos plus grands défis de l’été a été la gestion des mesures sanitaires. Une réalité toute nouvelle qu’on pense avoir bien gérée somme toute.

Comme expliqué dans cet article, c’est vrai qu’il y a eu de l’attente cette année. De là notre idée de créer un parcours pour la file, d’ajouter des ressources patrouilles-de-distanciation-sociale et d’adapter le tout en cours d’été pour que ce soit plus fluide, bref on s’en est bien sorti.

L’autre côté de la médaille, c’est que personne n’aime attendre de longues minutes. C’est normal. Et ça génère parfois de moins bons commentaires. On le comprend. On en a reçu en personne et sur les réseaux sociaux aussi. Et c’est sur le web qu’on nous accusait de ne pas respecter la distanciation sociale.

Ça nous a pris de court. Impossible qu’on ne réussisse pas à faire respecter le deux mètres dans les files d’attente en ayant des employés à temps plein qui ne font QUE patrouiller dans les files pour rappeler aux gens de laisser une bonne distance entre eux ! Et pour avoir été là chaque jour des 6 semaines, j’avais vraiment du mal à trouver la faille. D’où les gens tenaient cette information ? J’étais là. Et ça allait bien.

Et une photo est apparue sur Google. Puis deux. On a tout compris.

Un visiteur déçu de ne pas avoir pu se balader dans les champs à cause de la fermeture précoce du site (on avait mis le « plan Tchernobyl » en application cette journée-là pour le respect des mesures sanitaires) avait publié une photo de la file prise avec son téléphone cellulaire. On voyait un nombre impressionnant de familles qui attendaient chez nous, tous de dos (merci pour eux, à qui on n’avait certainement pas demandé la permission de les photographier) et de ce point de vue, il est vrai que la distanciation sociale semblait douteuse.

Et c’est ici que je vous invite à prendre connaissance d’un test réalisé par Radio-Canada où on parle d’angle & de déformation de la réalité

Mon passage favori :
Afin de décortiquer comment une même scène peut être capturée de plusieurs façons, et ainsi raconter des histoires opposées, le photojournaliste de Radio-Canada Ivanoh Demers a pris différentes photos d’une file d’attente devant une succursale de la Société québécoise du cannabis (SQDC) au centre-ville de Montréal, lundi avant-midi.

« Si on veut changer la réalité, ça se fait malheureusement très facilement », explique-t-il. Par exemple, selon qu’il capture les gens dans la file d’attente de dos, de biais, ou de côté, l’effet sera totalement différent. En les voyant de dos, l’œil aura de la difficulté à évaluer la distance entre chaque personne et l’on aura l’impression qu’ils sont très rapprochés.

Si le photographe se déplace pour les prendre légèrement de côté, on commence à voir qu’ils sont un peu plus éloignés que l’on croyait. Finalement, si on photographie la file d’attente de profil, c’est là qu’on voit la distance réelle entre les gens.

L’article demande aux lecteurs de faire attention aux photos qu’on prend sur les lieux publics. Nous aussi, svp.

Et après, il y a les masques… qu’on soit pour ou contre, les règles sont claires : dans un espace clos, les gens doivent porter un couvre-visage. Une boutique est un espace clos alors c’est pas compliqué, nous l’avons exigé pour chaque personne qui entrait. En fait ce bout-là n’a pas été difficile, 99 % des gens se sont présentés à la boutique avec leur couvre-visage. Nos employés sont passés de la visière au masque au cours de l’été avec beaucoup de bonne volonté. Ailleurs sur le site ? On est dehors… Dehors comme dehors au grand air dans notre belle campagne et la seule règle c’est la distanciation de 2 mètres. On a quand même demandé à nos employés de porter une visière pour plus de sécurité. 

Non, le plus compliqué ç’a été de gérer ceux qui se lancent dans une chasse aux sorcières. Les sorcières de cet été de pandémie sont tous ceux qui ne respectent pas les mesures sanitaires ou si vous êtes dans l’autre clan, tous ceux qui obligent les autres à les respecter. Bref, on n’est jamais gagnants.

Sur ce, je nous souhaite à tous de pratiquer la tolérance et la patience. Les files sont là pour un bon bout, les masques aussi et on n’a certainement pas besoin de dictateur improvisé de la bonne conduite. La prochaine fois qu’une personne devant ou derrière vous dans une file d’attente se rapprochera un peu trop, dites-lui gentiment. Si vous craignez pour vous et vos proches, portez un couvre-visage. Mais de grâce, faites attention aux jugements précoces et vérifiez avant de parler, écrire ou appeler la police. Parlons-nous, soyons respectueux, solidaires & patients.